XI

Ti annonce à ses compagnons leur mort prochaine ; il assiste à un banquet de revenants.

 

 

Cette marche pour retourner en ville donna à Ti le temps nécessaire pour faire le point. Il aboutit à la conclusion qu’il avait été injuste envers son lecteur, une fois de plus. Les conseils de bon sens des Maximes de sagesse s’étaient parfaitement appliqués à sa journée. Ainsi qu’annoncé, la solution de l’énigme de la chambre forte résidait bien dans la duplicité humaine ; il avait dû gratter sous la surface des apparences pour découvrir le cadavre dans la potiche de sel ; quant aux membres de la communauté du bœuf, qu’il s’agît de vrais ou de faux dévots, ils représentaient un danger indubitable.

Le soleil teintait déjà les façades d’une lumière dorée lorsque les deux enquêteurs parvinrent à l’auberge. Ses lieutenants et le lecteur discutaient dans la cour, assis sous les arbustes. Tsiao Tai venait de demander à Ruan Boyan d’où lui venait cette cicatrice qui barrait son visage. L’employé du censorat expliqua qu’il avait été victime d’un accident de la circulation. Son char s’était renversé, une barre de métal lui avait entamé la face, il avait eu de la chance de ne pas perdre un œil, ce qui aurait pu constituer un handicap dans son métier.

— Je m’étais bien dit qu’un homme aussi paisible n’avait pas reçu cette marque au cours d’un combat à l’épée ! dit Ma Jong, que l’aptitude du lecteur à s’opposer aux tueurs de dames continuait de stupéfier.

— J’en déduis que la vie la plus paisible a aussi ses périls ! conclut son compère, sans se rendre compte qu’il se laissait contaminer par l’esprit des maximes.

Ils se levèrent à l’entrée du mandarin et lui firent leur rapport : la journée avait été calme, personne n’avait attenté aux jours de madame Première, que sa réclusion avait mise dans une humeur effroyable. Peu pressé, dans ce cas, d’aller saluer sa chère épouse, Ti leur résuma en quelques mots ses trouvailles de promenade : le pillage du trésor public, l’atelier de la mort et l’école du meurtre.

— Voilà certainement les personnages que nous avons entendus dans la forêt, noble juge ! conclut Tsiao Tai. Ils doivent se faire la main en égorgeant les voyageurs !

— Tu sais bien que c’étaient des esprits ! lui rétorqua Ma Jong. J’aurais mieux aimé des tueurs, ma foi !

Ti ne croyait pas avoir eu affaire à des esprits sylvestres, bien que, comme ses lieutenants, il eût préféré qu’il se fût agi de mercenaires.

— Question, annonça-t-il : comment se débarrasse-t-on d’un groupe d’assassins surentraînés, quand on est inférieur en nombre et en armement ?

Le lecteur du Yushitai brandit son livre, le visage éclairé de son sourire indéfectible :

— Avec ceci, seigneur ! Toutes les réponses y sont inscrites ! Confucius nous enseigne que la raison supplante toujours la force brutale ! Tenez, j’ouvre au hasard : « L’enquêteur se gardera de se livrer à tout excès de bouche ni d’aucune sorte. Il comptera sur un sommeil réparateur pour régénérer ses forces et les capacités de son esprit aiguisé. » On croirait cet ouvrage rédigé par les dieux eux-mêmes !

Ses compagnons le regardèrent avec accablement. Nul ne voyait comment se servir de ce manuel contre leurs ennemis, sinon à leur en infliger la lecture jusqu’à ce qu’ils périssent d’ennui. Bien sûr, ils se trompaient.

Ruan Boyan avait par ailleurs un message pour son maître. On avait apporté une invitation à un banquet privé. La lettre était anonyme. Une telle proposition était presque insultante. Comment un inconnu pouvait-il espérer qu’un magistrat tel que Ti se rendrait à ce repas sans savoir où il mettait les pieds ? Ce qui troubla le plus le mandarin fut le support lui-même. Le papier était le plus coûteux qu’on pût acquérir à la capitale. La calligraphie soignée était l’œuvre d’un lettré de haut rang : seul un homme ayant étudié durant de longues années pouvait posséder à ce degré l’art d’écrire. Et l’emblème tracé au bas du texte était du genre de ceux arborés par les familles de vieille noblesse. En un mot, il y avait de fortes chances pour que ce billet émanât d’un puissant personnage de la Cour. C’était en réalité l’invitation la plus alléchante que Ti pût se voir adresser, puisqu’elle contenait un mystère à élucider.

— On se dispute mes charmes, dit-il en fourrant le carton dans sa manche.

Il se tourna brusquement vers l’un de ses lieutenants :

— Parle, Tsiao ! Qu’as-tu à me demander ?

Le grand gaillard se tortillait en sautillant d’un pied sur l’autre, comme un écolier tourmenté par un besoin pressant. La belle Bu Jiao était terrorisée à l’idée de rester seule chez elle alors que Ren-le-valet-fou rôdait dans les parages. Ce valeureux guerrier, capable de résister à tout sauf aux larmes d’une jolie femme, s’était proposé pour passer la nuit dans l’annexe. Il avait bien précisé que cela ne pourrait se faire qu’avec l’autorisation de son patron, l’éminent commissaire-inspecteur de Chang-an.

— Depuis quand demandes-tu ma permission pour dormir chez une femme ? répliqua Ti, goguenard.

Il ne faisait qu’exprimer la pensée de ses hommes, tous persuadés que leur compagnon saisissait l’occasion de coucher avec la veuve. Seul Ma Jong émit une objection :

— J’espère pour toi qu’elle a fini les trois ans[23], vieux frère. Autrement, t’unir à elle, même pour la nuit, te portera malheur !

Ma Jong accepta néanmoins de garder la porte de madame Première et donc d’affronter sa fureur. Ti leur recommanda à tous la plus grande prudence. Leur visite à l’atelier de céramique semblait passer étrangement inaperçue. Nul ne s’inquiétait du fait que le trafic de cadavres fût découvert – et par un commissaire-inspecteur de la capitale ! Cette paix avait tout du calme précédant la tempête.

— Une telle indifférence ne peut avoir qu’une seule explication, dit Ti. Les forbans savent pertinemment que nous ne pourrons en aucun cas quitter la ville vivants.

Ses adjoints sentirent leurs poils se hérisser le long de leur corps. Ils se voyaient déjà rentrer à Chang-an dans une potiche de sel. Triste retour !

L’adresse indiquée pour le banquet était le restaurant du cousin Ma, celui-là même où ils avaient dîné avec feu l’espion Lu Pei. Ce n’était pas un endroit du plus grand chic, mais la petite cité de Liquan n’était pas non plus la métropole des Tang. La servante à qui s’adressa Ti lui fit traverser la salle déjà pleine de monde. Derrière l’établissement s’étendait un jardin agréable, garni de buissons taillés et d’une allée éclairée de part et d’autre par des lampions. À travers d’harmonieux méandres destinés à faire paraître les lieux plus vastes, le sentier menait à un pavillon de bois totalement clos par des volets ajourés. Même la porte était obturée par un lourd rideau. On n’entendait rien, ni éclats de voix, ni rires, ni flûtes ou cithares, accompagnements ordinaires des soupers fins. Ti se reprocha sa témérité, qui l’avait poussé à courir seul au-devant du danger, au lieu de se faire seconder par les grands gaillards qu’il employait.

La servante écarta la tenture. La pièce était illuminée. Ti adressa une invocation muette au dieu protecteur des magistrats et pénétra à l’intérieur.

En fait de guet-apens dans un recoin isolé, il découvrit une belle salle brillamment éclairée par des flambeaux. Les tables étaient disposées en fer à cheval. Les dîneurs le regardaient en souriant, sauf un, qui arborait une mine sinistre.

À leur vue, le mandarin crut qu’il était passé dans le royaume des morts. Il pensa ensuite qu’il était devenu fou, ou qu’il rêvait. Mais les secondes s’écoulaient avec la lenteur d’une goutte de mélasse, et la scène demeurait bien réelle. Nulle divinité ne surgissait du sol ou du ciel. Il fallait trouver un sens à l’inexplicable : il était en présence d’un banquet de défunts.

Il avait, sur sa gauche, un général en grande tenue, robe de soie violette brodée d’or et cotte de mailles dorée. Le militaire avait posé sur la table son magnifique sabre au fourreau incrusté de pierres précieuses. Les guidons de cinq divisions jadis menées par lui à la victoire formaient un éventail multicolore à la pointe de son casque. Problème insurmontable, il s’agissait du duc de King-ye, l’ex-ministre de la Guerre. Ti avait vu partir le messager chargé de lui signifier l’ordre de se suicider !

À côté du ministre se tenait le wei de la garde du sud, ce haut gradé déplaisant, lui aussi sur la liste de proscription pour avoir échoué à empêcher le directeur en fuite de quitter la ville. En face d’eux, sur la droite du mandarin, se tenait le marquis de Yingchuan, dont les étendards avaient été arborés par les imposteurs venus annoncer la prétendue victoire. Au centre était assis le prince Huang-Fu des Li, que l’impératrice avait enveloppé dans sa disgrâce pour s’en débarrasser.

Tous ces dignitaires avaient reçu les glaives du palais. Ils étaient donc morts depuis plusieurs jours. Comment pouvaient-ils dîner dans un pavillon de Liquan ?

Ti se jeta à terre pour toucher le sol de son front. C’était l’attitude protocolaire de rigueur en présence d’un membre de la maison impériale ou d’un fantôme. Cette position lui permettait aussi de ne plus contempler ce spectacle inimaginable, auquel sa conscience avait du mal à s’habituer.

— Allons, Ti, relevez-vous ! dit le prince avec bonhomie. Il n’y a plus ici de différences sociales. Nous sommes tous des convives qui partageons un excellent repas dans la bonne humeur.

Ti se redressa et, puisque l’ambiance était à la bonne franquette, il s’autorisa à dévisager ses interlocuteurs. Il pouvait s’agir d’une ressemblance pour l’un d’entre eux, peut-être, mais pas pour tous.

— Le courrier n’est pas arrivé ? supposa-t-il avec le vain espoir de donner quelque logique à la situation. Dans ce cas, j’aurais une mauvaise nouvelle à vous apprendre.

Le prince se mit à rire et le général à grogner dans sa barbe.

— Vous êtes le parangon de l’obéissance aux règles, Ti ! dit Li Huang-Fu. Nous autres, les courtisans, en usons avec plus de distance.

Ils en usaient très exactement avec une distance de quatre cents lis, celle qui les séparait de la Cité interdite, de la discipline, de leur honneur.

— Vous nous pardonnerez d’avoir commencé sans vous, dit le marquis, qui engloutissait de petits poissons frits par poignées entières.

On leur avait servi les quatre plats d’amuse-gueule. Assiettes froides et hors-d’œuvre chauds étaient déjà sur les tables. Le prince lui indiqua la place vide à côté du marquis. Ce dernier lui tendit aimablement un bol de vin de sorgho parfumé à la racine d’astragale, dont la forte teneur en alcool vint au secours de son esprit troublé.

— Puis-je humblement demander aux seigneurs assis autour de moi comment ils se trouvent dans la petite ville de Liquan, quand je les croyais au cimetière des nobles ?

— Mais pour la même raison que vous, Ti ! répondit le marquis de Yingchuan. Dans un éclair de génie, notre ami, le commandant de la garde du sud, ici présent, a eu l’idée qui seule pouvait nous tirer de ce mauvais pas.

S’il entendait par « mauvais pas » l’ordre expresse de mettre fin à leurs jours, il leur fallait au moins une idée directement issue de l’Empereur jaune Roi du Ciel.

— Nous sommes venus arrêter le fuyard ! décréta sur un ton martial le général-duc de King-ye.

Ils nourrissaient le fol espoir que cet exploit leur éviterait le suicide. Ils ne pouvaient pas ignorer le sort réservé à leurs clans s’ils ne se soumettaient pas au diktat impérial : il fallait réussir ou mourir, et le temps leur était terriblement compté. Au reste, leur enquête ne semblait pas être la grande préoccupation de la soirée.

— Nous avons bien fait ! C’est le paradis, ici ! s’écria l’ancien ministre de la Guerre.

L’expression était curieuse, venue d’un homme que Ti avait cru mort jusqu’à son entrée dans ce pavillon.

— La pénurie y est inconnue, reprit le général-duc. On y trouve de tout, la nourriture est délicieuse. Et je ne vous parle pas du quartier des plaisirs : petit, mais bien achalandé, pour une ville de province ! On ne regrette pas son déplacement !

Ils le regrettaient d’autant moins qu’ils étaient condamnés à mort, à Chang-an. C’étaient leurs familles qui allaient le regretter, s’ils ne revenaient pas au plus vite s’ouvrir le ventre conformément aux volontés impériales.

Ti était dans une position intenable :

— Vos Excellences se rendent-elles compte qu’il me faudra, dès mon retour, avertir le palais de l’endroit où elles se trouvent ?

Il crut qu’ils allaient éclater de rire, hormis le commandant de la garde, qui lui reprochait visiblement de ne pas avoir été compris dans la proscription.

— Mais faites donc ! lui enjoignit le marquis avec jovialité. Notre intention n’est pas du tout d’enfreindre les lois sacrées du Fils du Ciel ! Faites votre devoir, Ti ! Nous vous sommes tous reconnaissants de votre loyauté envers notre vénéré souverain.

— Gloire et prospérité à l’empereur et à son épouse céleste ! clama le prince des Li en levant son bol de vin.

Ils trinquèrent à leurs assassins. Ti trempa poliment ses lèvres dans le breuvage, mais préféra se concentrer sur les huit plats principaux, tous excellents. Il ne savait où tremper ses baguettes, entre les sautés au sucre, les bouchées à l’étouffée, les choux nains à la vapeur, les fritures piquantes à l’huile, les grillades à la sauce aigre… Des garnitures de navets blancs ou de concombres sculptés rehaussaient l’attrait visuel. Tout cela constituait un vrai régal pour les yeux, le nez et le palais.

Le wei de la garde sud ne cessait de le cribler d’invisibles flèches. Ti se réjouit que cet homme ne fût pas devenu un fantôme : il eût employé toutes les ressources de l’au-delà pour le tourmenter. Nul doute que le commandant se ferait un plaisir de l’humilier en rapportant à sa place la tête du fuyard, surtout si cela signifiait l’exécution du mandarin en guise de sanction.

Bien qu’on ne lui eût rien demandé, Ti leur jura de tout faire pour rattraper le directeur de la police, afin de les sauver tous. Cette promesse lui coûtait, car, s’ils en recevaient le mérite, c’était lui qui se verrait en mauvaise posture. Promettre la vie sauve à ses hôtes lui paraissait néanmoins de la plus élémentaire politesse.

Le prince le remercia sans excès, comme s’il ne s’agissait là que d’amabilités. Les servantes apportèrent la suite du repas de gala, parmi quoi un lot d’insectes marinés et frits, des pattes de poulet, et même de l’ours des montagnes. Ils avaient dû commander tout ce que recelait la cuisine du cousin Ma.

— Savez-vous combien coûterait ce plat, à la capitale ? dit le marquis. Ici, bah ! C’est pour rien ! On y passerait sa vie !

Ti était convaincu que c’était exactement ce qui allait leur arriver : jamais ils ne parviendraient à arrêter le fuyard, et leurs jours s’achèveraient ici, dans la honte et la misère d’un suicide sans clinquant ou d’une chasse à l’homme qui ne leur laisserait aucune chance. C’était à lui qu’il revenait de leur épargner cette déchéance. Le pire était qu’ils en semblaient inconscients, uniquement préoccupés de leurs libations de plus en plus avinées.

Comme dans toute assemblée de lettrés, la littérature ne tarda pas à se mêler à la beuverie. On récita des poèmes à la gloire du vin, genre prisé des sociétés raffinées. On devait vider son verre à chaque erreur du récitant, et ceux-ci se trompaient de plus en plus souvent. L’alcool aidant, les toasts se mirent à contenir des remarques acerbes à l’encontre du pouvoir :

— A nos alliés du censorat, qui n’ont pas hésité à nous sacrifier sur l’autel de leur carrière ! lança le ministre failli.

Bien qu’il comprît tout à fait que ses hôtes nourrissent une certaine rancœur envers la Cour, Ti ne pensait pas pouvoir entendre pareils propos envers ses supérieurs. Les artistes allaient bientôt arriver pour le spectacle dont on pimentait habituellement ce genre de réunion. Il lui serait alors beaucoup plus difficile de s’en aller.

— Pardonnez-moi de vous quitter avant l’arrivée des amusements, dit-il en se levant. Je dois garder mes forces pour mon enquête, qui nous importe à tous énormément.

— Bien entendu. Nous aussi, répondit Li Huang-Fu. Mais on ne peut pas travailler tout le temps, n’est-ce pas ?

Ils éclatèrent de rire tandis que le mandarin s’inclinait avec respect devant chacun d’eux.

Dans le jardin, il croisa les servantes qui apportaient le dessert salé et le dessert sucré, une vision qui lui fit presque regretter de s’être montré fidèle à sa réputation de bonnet de nuit. Il ignorait à quel point il avait eu raison.

 

Guide de survie d’un juge en Chine
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